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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 05:02

En général la lessive avait lieu le lundi. C’était le jour d’affluence, deux femmes occupaient chaque travée du lavoir.


P1070192.jpgLes machines à laver le linge qui ont remplacé bien heureusement cette pénible corvée, ont fait oublier à la majorité des femmes d’aujourd’hui la pénibilité de cette tâche.


À de rares exceptions, ceux qui possédaient un lavoir individuel, c’est au lavoir communautaire que la lessive avait lieu.


Il fallait d’abord faire bouillir le linge dans ces lessiveuses en fer blanc que l’on faisait chauffer sur ces petits poêles à bois qui en général avait leur place au jardin. Un tuyau muni au sommet d’un champignon percé de trous, permettait à l’eau bouillante de remonter du fond de la lessiveuse et de venir arroser le dessus du linge dans un glouglou caractéristique.


Cette opération terminée, c’est à la brouette que l’on emportait le tout au lavoir, avec les brosses, battoir et bachot. Et là le linge était battu, brossé et rincé dans l’eau courante du ru qui alimentait le lavoir.


Madame Levert racontait que, de sa boutique rue du Parquet à deux pas du lavoir, chaque lundi, elle voyait défiler les brouettes, d’abord dans un sens, puis dans l’autre la lessive terminée.


P1070194.jpgL’été, mettre les mains dans l’eau ne posait pas problèmes, mais l’hiver, quand parfois il fallait casser la glace lorsque le froid devenait trop vif, les mains devenaient violacées et faisaient mal, avec tous les risques d’engelures en tous genres.


Suivant l’importance de la famille, la lessive pouvait durer toute la journée. Comme disait les femmes en parlant du lavoir : « On y a beaucoup fait sa prière », en allusion aux heures passées à genoux dans le bachot.


Pourtant lorsqu’on entendait les « anciennes » qui avaient vécu cette époque et qui la racontait, elles en gardaient un souvenir nostalgique de ces journées. Pour certaines c’était le moyen de sortir de leur isolement quotidien habituel, entre le foyer, le jardin, le mari et les « mioches ». C’était une façon de rencontrer d’autres femmes, de bavarder et parfois aussi de chanter un refrain à la mode. Une remarque quelquefois entendue « C’était dur mais on rigolait ».


En général il régnait une bonne ambiance. La « Tante Irène » racontait que lorsque l’une d’entre avait terminé sa lessive et qu’il lui restait de l’eau chaude, elle ne manquait pas de la proposer aux autres.


L-ancien-lavoir-La-Bre-vie-re.jpgQuelquefois l’été le travail terminé, de jeunes femmes plus hardies et délurées que les autres, relevaient légèrement leur jupe pour aller se rafraîchir. C’était accompagné le plus souvent de rires et jasements. Il se disait même que certains de la gente masculine, au courant de ces fins de lessives, cachés dans quelque endroit, venait  se délecter de la scène. Mais ce ne sont là que médisances…


On lavait ainsi sous la porte fortifiée, plus tard au lavoir communal, à Malassise et à La Brévière.


En 1899, à l’occasion des travaux de couverture du ru au droit de sa propriété, Théodore Langelez en profite pour aménager un lavoir en contrebas du pont que l’on peut voir encore en se penchant par dessus le parapet.


L’entretien des lavoirs

 

S’il est une invention pour laquelle chaque conseil municipal pourrait avoir une pensée avant d’ouvrir la séance, c’est bien celle du lave-linge.


Lave-linge.jpgEn effet, notamment dans les années 1920 et bien au-delà, il ne se passe pas un conseil sans que ce point ne figure à l’ordre du jour, suivi comme il se doit de délibérations sans fin.


Que ce soit à Saint Jean, à La Brévière et à Malassise, les problèmes liés à l’effondrement des berges, aux vannes qui ne fonctionnent pas ou mal, aux courants d’air, aux planches à laver, aux réfections les plus diverses, aux remises en état complètes, que sais-je encore, figurent à chaque ordre du jour des conseils municipaux.

 

En consultant les procès-verbaux des séances, on reste ébahie de voir le nombre de point à l’ordre du jour intitulés : « Lavoirs ». Sans compter les questions divers, bien souvent agrémentées de ce problème.


Il serait fastidieux d’énumérer le nombre et le contenu de ces points de l’ordre du jour que le conseil municipal a pu avoir sur ce sujet.


Alors, mesdames et messieurs les conseillers municipaux, vous comprendrez à quoi vous échappez aujourd’hui et pourquoi vous pouvez ainsi vénérer le lave-linge.


Les lavoirs devenus éléments décoratifs du village

 

La « machine à laver » a évité par bonheur, depuis plusieurs décennies, cette pénible corvée. Nous ne regretterons donc pas ce temps.


Il n’empêche que l’on ne peut avoir une certaine nostalgie en regardant ces vestiges d’une époque révolue.

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commentaires

M
<br /> Tout est dit, Rien ne manque dans la chronique de Robert que l'on pacourt avec nostalgie, et quelle affectueuse pensée pour les lavandières disparues..<br />
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N
<br /> <br /> Il est vrai que c'est une époque révolue ; mais comme j'aurai aimé en savoir plus. Que je regrette de ne pas avoir plus questionné Irène, Blanche, Nini, votre mère, Mme Ramet et d'autres, qui il<br /> y a quarante ans vivaient encore. J'en aurai des livres dans lesquels puiser. Mais à l'époque je n'y pensais pas, et puis j'étais encore en activité. Alors le temps d'alors m'était compté pour<br /> d'autres occupations.<br /> <br /> <br /> <br />

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